• L'iris

    Près des étangs où la libéllule voltige,

    Où, dans les soirs d'été, vient se baigner l'oiseau,

    On aperçoit l'Iris, qui tremble sur sa tige

    Et semble un papillon posé sur un roseau.

     

    Du bleu foncé des mers elle reçut l'empreinte,

    Prise à l'heure où la nuit noircit l'azur des cieux.

    Seule parmi les fleurs elle offre cette teinte,

    La plus chère à l'esprit et la plus douce aux yeux.

     

    Sur la terre,  du bleu la Nature est avare,

    Et les poètes sont réduits à le rêver ;

    Si le pinceau s'applique à le rendre moins rare,

    C'est que vers l'Idéal l'Art tend à s'élever.

     

    Des Zéphirs printaniers docile messagère,

    Comme une voile au vent toujours prête à flotter,

    La forme de l'Iris, vaporeuse et légère,

    Est l'image de l'âme en train de nous quitter.

     

    Aux rayons du soleil qui brille sur la plage,

    Sa transparence émet une lueur dans l'air,

    Semblable au feu follet qui court avant l'orage,

    Et disparait soudain, absorbé dans l'éther.

    Charles Rouvin


    13 commentaires
  • Le lilas

    Je rêve et je me réveille

    Dans une odeur de lilas

    De quel côté du sommeil

    T'ai-je ici laissé ou là ?

     

    Je dormais dans ta mémoire

    Et tu m'oubliais tout bas

    Ou c'était l'inverse histoire

    Etais-je où tu n'étais pas ?

     

    Je me rendors pour t'atteindre

    Au pays que tu songeas

    Rien n'y fait que fuir et feindre

    Toi tu l'as quitté déjà.

     

    Dans la vie ou dans le songe

    Tout a cet étrange éclat

    Du parfum qui se prolonge

    Et d'un chant qui s'envola !


    O claire nuit jour obscur

    Mon absente entre mes bras

    Et rien d'autre en moi ne dure

    Que ce que tu murmuras !

    Louis Aragon


    17 commentaires
  • La tulipe

    Moi, je suis la tulipe, une fleur de Hollande,

    Et telle est ma beauté, que l'avare Flamand

    Paye un de mes oignons plus cher qu'un diamant

    Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande.

     

    Mon air est féodal, et comme une Yolande

    Dans sa jupe à longs plis étoffée amplement,

    Je porte des blasons peints sur mon vêtement,

    Gueules fascé d'argent, or et pourpre en bande.


    Le jardinier divin a filé de ses doigts

    Les rayons du soleil et la pourpre des rois

    Pour me faire une robe à trame douce et fine.


    Nulle fleur du jardin n'égale ma splendeur,

    Mais la nature, hélas ! n'a pas versé d'odeur

    Dans mon calice fait comme un vase de Chine.

    Théophile Gautier


    13 commentaires
  • Le bouquet du bonheur

    Accepte ces quelques fleurs que ma main a cueillies

    Au hasard de mes pas au pied de haies touffues

    Brassée de fleurs sauvages peut-être un peu fanées

    Gerbe sans prétention offrande inattendue.

     

    Vois, ces coquelicots au rouge suranné

    Et ces bleuets fragiles au délicat bleuté

    Voisinent harmonieusement dans leur diversité

    Parmi ces granulées, je crois, bien accueillies.

     

    J'ai vu dans tes prunelles mon idée bienvenue

    Car le charme de ces fleurs a vite gagné ton coeur

    J'y ai vu de l'extase cette grâce inconnue

    Quand tu as emporté ce bouquet de bonheur.

    Pierre-Fernand CRASSET- MAUVIEL


    23 commentaires
  • Le langage des fleurs

    Elles naissent dans un mystère

    Et jaillissent de la terre,

    Avec toutes les couleurs,

    Elles apportent le bonheur... les fleurs

     

    Dans la rosée elles s'ouvrent

    Et le soir elles se couvrent,

    Sans faire le moindre bruit

    Pour s'endormir la nuit.

     

    Elles cherchent le soleil

    Qui passe dans le ciel,

    Elles se gorgent de chaleur

    Et adorent la douceur.

     

    Elles invitent les abeilles

    A boire dans leur stigmate,

    Pour emplir des corbeilles

    De pollens dans leurs pattes

    Travaillant de longues heures

    Elles emportent en leurs mains

    Des grandes prairies de fleurs

    Qui renaîtront demain...

     

    Les fleurs ont un langage

    Qui parle aux gens sages,

    Pour leur dire en silence

    Tout l'amour que l'on pense...

    Nobles fleurs d'élevages

    Qui font de longs voyages,

    Petites fleurs des champs

    Que ramassent les enfants.

     

    Elles viennent en visite

    Pour montrer qu'on existe,

    Elles consolent ceux qui pleurent

    Et fleurissent ceux qui meurent... les fleurs

     

    Si la vie est trop dure

    Va donc dans la nature,

    Ouvre bien grand ton coeur

    Pour y mettre des fleurs

     

    Respire tous leurs parfums

    Sans y mettre les mains,

    Pour que même fanées,

    Elles reviennent chaque année...

    Jean-Claude Brinette


    22 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique