• Si d'autres fleurs décorent la maison

    Si d'autres fleurs décorent la maison

    Et la splendeur du paysage,

    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,

    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

     

    Dites de quels lointains profonds et inconnus

    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,

    Avec du soleil sur leurs ailes ?

     

    Juillet a remplacé Avril dans le jardin

    Et les tons bleus par les grands tons incarnadins,

    L'espace est chaud et le vent frêle ;

    Mille insectes brillent dans l'air, joyeusement,

    Et l'été passe, en sa robe de diamants

    Et d'étincelles.

    Émile Verhaeren


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  • L'école est fermée

    L'école est fermée ;

    Le tableau s'ennuie ;

    Et les araignées

    Dit-on étudient

    La géométrie

    Pour améliorer

    L'étoile des toiles :

    Toiles d'araignées,

    Bien évidemment.

     

    L'école est fermée ;

    Les souris s'instruisent,

    Les papillons lisent

    Les pupitres luisent,

    Ainsi que les bancs.

     

    L'école est fermée ;

    Mais si l'on écoute

    Au fond du silence,

    Les enfants sont là

    Qui parlent tout bas

    Et dans la lumière,

    Des grains de poussière,

    Ils revivent toute

    L'année qui passa,

    Et qui s'en alla...

    Georges Jean


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  • Juillet

    Au jardin, assoiffée, la capucine baille.

    Dans le coeur d'une rose une abeille s'endort.

    À la claire fontaine, un geai s'abreuve encor.

    La glycine est au bleu sur la vieille muraille.

     

    Dans le ciel de juillet il n'est pas un nuage.

    Le bourg fait le gros dos et lézarde au soleil.

    Calme, à peine ridée, l'Indre aux reflets vermeils

    Dans la fraîcheur du lit berce ses fleurs sauvages.

     

    Phébus darde ses feux sur les bois et les champs.

    Les maisons de la rive ont fermé leurs volets.

    L'arbre ne frémit plus, la colombe se tait.

    Ils ne s'animeront qu'à l'heure du couchant.

     

    La plage a déployé ses rouges parasols.

    L'enfant s'est endormi sur son livre d'images,

    Alors que resplendit là-bas, près du rivage,

    L'éclatante blondeur d'un champs de tournesols.

     

    Heureux jours de l'été,

    Sous le ciel de Touraine,

    Jours de beauté sereine

    Et de félicité.

    Renée Jeanne Mignard


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  • Roses de juin, vous les plus belles

    Roses de juin, vous les plus belles,

    Avec vos coeurs de soleil transpercés ;

    Roses violentes et tranquilles, et telles

    Qu'un vol léger d'oiseaux sur les branches posés ;

    Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,

    Bouches, baisers qui tout à coup s'émeuvent

    Ou s'apaisent, au va-et-vient du vent,

    Caresse d'ombre et d'or, sur le jardin mouvant ;

    Roses d'ardeur muette et de volonté douce,

    Roses de volupté en vos gaines de mousse,

    Vous qui passez les jours du plein été

    A vous aimer, dans la clarté ;

    Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos roses

    Oh ! Que pareils à vous nos multiples désirs,

    Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir

    S'entr'aiment, s'exaltent et se reposent !

     Émile Verhaeren


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  • Berger d'abeilles

    Le doux titre et l'emploi charmant :

    Être, en juin, un berger d'abeilles,

    Lorsque les prés sont des corbeilles

    Et les champs des mers de froment ;

     

    Quand les faucheurs sur les enclumes

    Martèlent la faux au son clair,

    Et que les oisillons dans l'air

    Font bouffer leurs premières plumes !

     

    Berger d'abeilles, je le fus,

    A huit ans, là-bas, chez mon père,

    Lorsque son vieux rucher prospère

    Chantait sous ses poiriers touffus.

     

    Quel bonheur de manquer l'école

    Que l'été transforme en prison,

    De se rouler dans le gazon,

    Ou de suivre l'essaim qui vole,

     

    En lui disant sur un ton doux

    Pour qu'il s'arrête aux branches basses :

    "Posez-vous, car vous êtes lasses ;

    Belles abeilles, posez-vous !

     

    Nous avons des ruches nouvelles

    Faites d'un bois qui vous plaira ;

    La sauge les parfumera :

    Posez-vous, abeilles, mes belles ! "

     

    Et les abeilles se posaient

    En une énorme grappe grise

    Que berçait mollement la brise

    Dans les rameaux qui bruissaient.

     

    " Père ! criais-je, père ! arrive !

    Un essaim ! " Et l'on préparait

    La ruche neuve où sans regret

    La tribu demeurait captive.

     

    Puis, sur le soir, lorsque, à pas lents,

    Du fond des pâtures lointaines

    Les troupeaux revenaient bêlants

    Vers l'étable et vers les fontaines,

     

    Je retrouvais mon père au seuil

    Comptant ses bêtes caressantes,

    Et lui disais avec orgueil :

    " Toutes les miennes sont présentes ! "

     

    Le doux titre et l'emploi charmant :

    Être, en juin, un berger d'abeilles,

    Lorsque les prés sont des corbeilles

    Et les champs des mers de froment !

    François Fabié


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