• Soir d'été

    Le soleil brûlait l'ombre, et la terre altérée

    Au crépuscule errant demandait un peu d'eau ;

    Chaque fleur de sa tête inclinait le fardeau

    Sur la montagne encor dorée.

     

    Tandis que l'astre en feu descend et va s'asseoir

    Au fond de sa rouge lumière,

    Dans les arbres mouvants frissonne la prière,

    Et dans les nids : "Bonsoir ! Bonsoir !"

     

    Pas une aile à l'azur ne demande à s'étendre,

    Pas un enfant ne rôde aux vergers obscurcis,

    Et dans tout ce grand calme et ces tons adoucis

    Le moucheron pourrait s'entendre.

    Marceline Desbordes-Valmore


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  • Le soleil aujourd'hui...

    Le soleil aujourd'hui,

    Je me le suis donné.

     

    J'en ai mis plein mes poches

    Et dans d'autres endroits

    Où mes mains ne vont pas.

     

    Je peux escalader

    Ce qui me séparait.

     

    Je peux montrer aux gens

    Comment c'est, la lumière.

    Eugène Guillevic


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  • Lorsque sous la rafale...

    Loesque sous la rafale et dans la brume dense,

    Autour d'un frêle esquif sans voile et sans rameurs,

    On a senti monter les flots pleins de rumeurs

    Et subi des ressacs l'étourdissante danse,

     

    Il fait bon sur le sable et le varech amer

    S'endormir doucement au pied des roches creuses,

    Bercé par les chansons plaintives des macreuses,

    A l'heure où le soleil se couche dans la mer.

    Jean Moréas


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  • La mer est plus belle

    La mer est plus belle

    Que les cathédrales,

    Nourrice fidèle,

    Berceuse de râles,

    La mer sur qui prie

    La Vierge Marie !

     

    Elle a tous les dons

    Terribles et doux.

    J'entends ses pardons

    Gronder ses courroux.

    Cette immensité

    N'a rien d'entêté.

     

    Oh ! si patiente,

    Même quand méchante !

    Un souffle ami hante

    La vague, et nous chante :

    "Vous sans espérance,

    Mourez sans souffrance !"

     

    Et puis sous les cieux

    Qui s'y rient plus clairs,

    Elle a des airs bleux,

    Roses, gris et verts...

    Plus belle que tous,

    Meilleure que nous !

    Paul Verlaine


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  • Soleil couchant

    Les ajoncs éclatants, parure du granit,

    Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;

    Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,

    La mer sans fin commence où la terre finit.

     

    À mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid

    Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume ;

    Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,

    À la vaste rumeur de l'Océan s'unit.

     

    Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,

    Des landes, des ravins, montent des voix lointaines

    De pâtres attardés ramenant le bétail.

     

    L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,

    Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,

    Ferme les branches d'or de son rouge éventail.

    José Maria de Heredia


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