• La cigale

    le soleil fendille la terre,

    Aucun bruit ne trouble les champs ;

    On n'entend plus les joyeux chants

    Des oiseaux qui chantaient naguère.

    Tous par la chaleur assoupis

    Sous les buissons se sont tapis.

    Seule une cigale est sur l'aire.

     

    Son ventre sonore se meut ;

    Sur une gerbe elle est posée ;

    Seule elle n'est point épuisée

    Par l'astre à l'haleine de feu.

    Et la chanteuse infatigable

    Jette dans l'air brûlant et bleu

    Sa ritournelle interminable.

    Marcel Pagnol


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  • Fin d'été

    Le bruissement des feuilles

    Dans la branche agitée

    Est cri sourd de forêt

    Que la nuée recueille.

     

    Un murmure discret

    Comme un soupir en deuil

    A moins qu'elle n'effeuille

    Chant que vent porterait

     

    En languissant regret

    De l'automne à son seuil

    Par l'été en retrait.


    Maryse Gevaudan


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  • Voici que la saison décline...

    Voici que la saison décline,

    L'ombre grandit, l'azur décroît,

    Le vent fraîchit sur la colline,

    L'oiseau frissonne, l'herbe a froid.

     

    Août contre septembre lutte ;

    L'océan n'a plus d'alcyon ;

    Chaque jour perd une minute,

    Chaque aurore pleure un rayon.

     

    La mouche, comme prise au piège,

    Est immobile à mon plafond ;

    Et comme un blanc flocon de neige,

    Petit à petit, l'été fond.

    Victor Hugo


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  • L'air en conserve

    Dans une boite, je rapporte

    Un peu de l'air de mes vacances

    Que j'ai refermé par prudence.

    Je l'ouvre ! Fermez bien la porte

     

    Respirez à fond ! Quelle force !

    La campagne en ma boite enclose

    Nous redonne l'odeur des roses,

    Le parfum puissant des écorces,

     

    Les arômes de la forêt...

    Mais couvrez vous bien, je vous prie,

    Car la boite est presque finie :

    C'est que le fond de l'air est frais.

    Jacques Charpentreau


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  • Soir d'été

    Il va se brûler les ailes,

    Le papillon mordoré

    Qui danse dans la tonnelle

    Autour du globe doré.

     

    Se sont endormies, les roses trémières.

    L'eden odorant cache ses trésors.

    Ebloui, grisé, ivre de lumière,

    Le bel imprudent tourbillonne encor.

     

    Au bord de l'étang, qui dort à la brune,

    Lers saules pleureurs bruissent doucement.

    Ecrin de velours au croissant de lune,

    L'azur étoilé peint ses diamants.

     

    Généreux été, merveilleuse offrande,

    Nirvana du corps sevré de désirs.

    Enfin apaisé, le coeur ne demande

    Qu'à se souvenir des nobles plaisirs.

     

    Quand aux premiers temps de notre naissance,

    Chaque aube nouvelle était un cadeau.

    Quand dans les années de la connaissance,

    La vie s'écoulait comme un frais ruisseau.

     

    Il s'en est allé le bonheur fugace.

    Soudain mon destin te fut étranger.

    Personne depuis n'occupe ta place

    Sur le banc de bois, près de l'oranger.

     

    L'ombre peu à peu gagne toute chose,

    Fait de mon jardin un monde irréel.

    Au couchant, là-bas, des nuages roses,

    Avant de sombrer embrasent le ciel.

     

    La nuit tout à coup étreint la tonnelle

    Que le papillon vient de déserter.

    Le bel imprudent s'est brûlé les ailes,

    Comme je l'ai fait, un beau soir d'été.

    Renée Jeanne Mignard

    Je remercie Renée Jeanne Mignard de me permettre de publier ses poèmes sur mon blog.


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