• Fruits d'automne

    Je me suis bien régalé de fruits d'automne,

    Je me suis bien régalé avec la pomme du pommier.

    Je n'ai surtout pas mangé le gland du chêne,

    Je n'ai surtout pas mangé le marron du marronnier.

    Je me suis bien régalé de fruits d'automne,

    Je me suis bien régalé avec la poire du poirier.

    Je n'ai surtout pas mangé le gland du chêne,

    Je n'ai surtout pas mangé le marron du marronnier.

    Roland Topor


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  • Septembre

    Soirs qui viennent plus tôt du ciel plus bas : septembre ;

    Première effeuillaison des choses vers le sol.

    Premier exode ailé dans l’innombrable vol

    Parti des arbres, en essaims de pourpre et d'ambre ;

     

    Premier retour au livre oublié dans la chambre ;

    Seuls vrais repos sur l'oreiller plus mol ;

    Apaisement profond des sens, que l’Été fol

    Exaspéra ; bonheur vague de chaque membre...

     

    Automne cher ! saison propice au souvenir,

    Comme un vieil air joué dans l'âme allant finir !

    Je ne t'ai pas toujours goûté, je m'en étonne ;

     

    Puisque aujourd'hui, pareils en mes regrets nombreux,

    Pour me sentir le cœur déçu moins malheureux,

    Il me suffit d'un peu de musique et d'automne.

    Albert Lozeau


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  • Qui est là ?

    Un champignon et trois marrons

    Sont venus en délégation.

    Accompagnés de feuilles mortes,

    Ils ont frappé à ma porte :

    -Avis à la population,

    Aujourd'hui, changement de saison.

    Mettez les vacances au placard,

    Voici l'automne et le brouillard.


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  • Le soleil, avec toutes ces planètes qui gravitent sous sa gouverne, prend encore le temps de mûrir une grappe de raisin, comme s'il n'y avait rien de plus important.
    Galilée


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  • Les envoyés de l'hiver

    C'était un matin de novembre.

    Ce matin-là, comme tous les matins, Ginette se rend au parc qui jouxte sa maison.

    Elle a dans sa main des morceaux de pain qu'elle destine aux oiseaux.

     

    Lorsqu'elle arrive, ce jour-là, tout est calme silencieux. Il n'y a pas d'oiseaux sur les branches nues des arbres. Seules quelques feuilles brunies crissent sous ses pas. Les oiseaux sont partis. La plupart vers les pays du soleil, vers le Sud et les autres, ceux qui restent, se cachent à l'abri du froid.

    Ginette est bien seule.

    Elle voit soudain apparaître au dessus du vieil orme, un oiseau magnifique. Ses ailes sont blanches, bordées de rouge. Son corps est bleu et son bec est doré. Jamais elle n'a vu plus bel oiseau. Délicatement, il se pose sur une branche, un peu comme une plume se pose sur le sol. Ginette surprise n'arrive plus à respirer. Elle est émerveillée.

    - Bonjour ! entend-elle.

    Mais d'où peut bien provenir cette voix ? Elle se retourne. Il n'y a personne.

    L'oiseau ouvre ses ailes et des flocons de neige tombent sur le sol.

    - Je suis, l'envoyée de la neige. Je m'appelle Nixia. Je fais tomber les flocons.

    En ouvrant ses ailes, l'oiseau fait naître une vraie chute de neige tout autour de l'arbre où il s'était posé.

    - Alors, tu fais l'hiver !

    - Oui et non, enfin, ce n'est pas moi toute seule. Su tu veux, je vais te raconter comment vient l'hiver.

    Dans le Nord du pays, vit Monsieur Hiver. Chaque année, à cette même époque, il nous envoie dans toutes les régions pour y apporter son message. Nous sommes trois envoyés : moi Nixia ; mon ami Brrr, l'envoyé du froid et Blizz, l'envoyé du vent du Nord. C'est à trois que nous faisons l'hiver. J'arrive toujours la première. Tu sais bien que le froid et le vent, sans la neige, c'est triste. Lorsque j'arrive, les gens sont contents ; la neige est douce et réjouit leur cœur. Les enfants sortent dans les rues. C'est un peu comme une fête.

    - Oh, mais c'est super ! J'aime tant la neige. Jamais je n'aurais imaginé. Tu en as de la chance.

    - C'est vrai, moi, j'ai le beau rôle mais Brrr, lui, il n'est pas aimé du tout...

    Au même moment, un souffle glacé fait frissonner Ginette et un oiseau vert vient se poser à côté de Nixia dans un bruit sec de glaçon qui craque.

    - Toi, je parie que tu es Brrr, dit Ginette.

    - Bien vu, je suis l'envoyé du froid.

    - Alors, c'est toi qui fait les glaçons ?  J'aimerais bien en avoir un gros sur le bord de ma fenêtre.

    - Pas de problème, je vais t'en faire un mais avant, il faut que je gèle les cours d'eau, les patinoires et que je mette du givre aux carreaux. Tu sais ces étoiles qui t'empêchent de voir dehors et t'obligent à souffler sur la vitre pour apercevoir un bout de ciel. Allons, je parle, je parle. il est grand temps que je me mette au travail. Attention, je vais te frigorifier.

    Ginette enfonce ses mains dans ses poches, mais ses petits doigts s'engourdissent.

    Son nez devient tout rouge. Il est l'heure de rentrer. Sa maman va s'inquiéter. Le cœur gros, elle quitte ses nouveaux amis très heureuse pourtant d'avoir fait une rencontre si extraordinaire. En chemin, elle se dit que peut-être demain, elle verra le troisième envoyé. Ce sera alors vraiment l'hiver. Il est donc grand temps qu'elle sorte ses gants, sa tuque, son écharpe multicolore et son anorak à capuchon fourré.

    Le lendemain, lorsqu'elle se réveille, Ginette se rend vite compte que l'envoyé du vent du Nord est arrivé à son tour. On l'entent qui siffle à travers les fentes du toit et de la cheminée. Elle enfile ses vêtements et se dirige vers le parc. Dans l'orme, il n'y a qu'un seul oiseau ; très grand et tout gris. Ses plumes sont toutes ébouriffées.

    Dès qu'il aperçoit Ginette il lui crie : "Veux-tu une tempête, un ouragan, un cyclone, une tornade..." je suis Blizz, l'envoyé du vent. Ne sais-tu pas où sont mes amis ?

    Au moment où il pose sa question, Brrr arrive et se pose sur la même branche que celle d'hier. Il a l'air inquiet. Visiblement, il cherche quelque chose...ou quelqu'un. Il se met à siffler.

    -As-tu vu Nixia ? demande-t-il à Ginette. Où peut-elle donc être passée ?

    Ginette sent dans cette voix, toute la tristesse du monde. A son tour, elle se met à être triste et inquiète. Oh non, s'il fallait que la neige ne revienne pas, ce serait épouvantable... Elle entend un bruit qui provient de sa maison.

    - Toc toc toc toc.

    Un éclair bleu traverse la fenêtre du grenier. Ginette a compris aussitôt. Elle se précipite chez elle, grimpe quatre à quatre les escaliers et arrive au grenier. En ouvrant la porte, elle n'est pas surprise de trouver Nixia. Elle lui ouvre la fenêtre.

    - Merci de me secourir. La fenêtre était ouverte hier soir alors je suis rentrée pour me reposer. Le vent l'a refermée et je ne pouvais plus sortir.

    Et Nixia s'envole en direction du grand orme.

    Lorsque Ginette revient dans le parc, les trois oiseaux sont réunis et font leur plan pour la journée.

    - Je propose de faire une énorme tempête...

    Ginette se permet d'intervenir :

    - J'ai quelque chose à vous demander. Comme tous les enfants, j'aime la neige mais trop de froid, trop de vent nous empêche de jouer. Trop de neige aussi bloque les routes et nos parents sont alors de méchante humeur. Un peu des trois, ce serait parfait. Juste pour cet hiver, ne pourriez-vous vous entendre ?

    Les trois oiseaux se regardent et opinent du chef.

    - D'accord, on va te faire le plus beau des hivers : pas trop de froid, pas trop de vent, avec juste assez de neige.

    Personne n'a jamais su pourquoi, cette année-là, l'hiver a été si doux.

    Personne ?

    Si.

    Il y a eu Ginette et puis, il y a vous.


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