• Roses d'automne

    Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,

    Comme par un prodige inouï du soleil,

    Avec plus de langueur et plus de charme encore,

    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

     

    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :

    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.

    Mais voici que, soudain, les touffes printanières

    Embaument les matins de l'arrière-saison.

     

    Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne

    De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,

    Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne,

    Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir.

     

    En ces fleurs que le soir mélancolique étale,

    C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,

    Remonte, et de corolle en corolle s'exhale,

    Comme soupirs de rêve et sourires d'amour.

     

    Tardives floraisons du jardin qui décline,

    Vous avez la douceur exquise et le parfum

    Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine

    De l'illusion morte et du bonheur défunt.

    Nérée Beauchemin


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  • Automne en fleurs, hiver plein de rigueur


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  • Vendange

    Les vendangeurs lassés ayant rompu leurs lignes,

    Des voix claires sonnaient à l'air vibrant du soir

    Et les femmes, en choeur, marchant vers le pressoir,

    Mêlaient à leurs chansons des appels et des signes.

     

    C'est par un ciel pareil,  tout blanc du vol des cygnes,

    Que, dans Naxos fumant comme un rouge encensoir,

    La Bacchanale vit la Crétoise s'asseoir

    Auprès du beau Dompteur ivre du sang des vignes.

     

    Aujourd'hui, brandissant le thyrse radieux,

    Dionysos vainqueur des bêtes et des Dieux

    D'un joug enguirlandé n'étreint plus les panthères ;

     

    Mais, fille du soleil, l'Automne enlace encor

    Du pampre ensanglanté des antiques mystères

    La noire chevelure et la crinière d'or.

    José Maria de Hérédia


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  • Le dernier papillon

    Quand ne chante plus le grillon

    Et qu'on est avant dans l'automne,

    Quelque matin gris l'on s'étonne

    De voir un dernier papillon.

     

    Plus d'or, d'azur, de vermillon ;

    Son coloris est monotone ;

    La cendre dont il se festonne

    Se mêle au sable du sillon.

     

    D'où vient-il ?...et par quelle porte ?...

    Est-ce, parmi la feuille morte,

    Le seul des papillons vivants ?

     

    Ou, parmi la neige vivante,

    La petite ombre transparente

    D'un papillon mort au printemps ?

    Rosemonde Gérard Rostand


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  • La première feuille d'automne

    La première feuille d'automne

    Est la moins légère à porter

    Pour l'arbre vert qui s'en étonne

    Et l'air bleu qui la sent tomber.

     

    Malgré le mal qu'elle se donne

    Pour garder sa légèreté,

    La première feuille d'automne

    Est la moins légère à porter.

     

    Quel est ce vol qui tourbillonne ?

    Est-ce, à notre front de clarté,

    Le dernier papillon d'été ?

    Ou, sur notre âme qui frissonne,

    La première feuille d'automne ?...

    Rosemonde Gérard Rostand


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