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    Printemps

    C'est la jeunesse et le matin.

    Vois donc, ô ma belle farouche,

    Partout des perles : dans le thym,

    Dans les roses, et dans ta bouche.

     

    L'infini n'a rien d'effrayant ;

    L'azur sourit à la chaumière ;

    Et la terre est heureuse, ayant

    Confiance dans la lumière.

     

    Quand le soir vient, le soir profond,

    Les fleurs se ferment sous les branches ;

    Ces petites âmes s'en vont

    Au fond de leurs alcôves blanches.

     

    Elles s'endorment, et la nuit

    A beau tomber noire et glacée,

    Tout ce monde des fleurs qui luit

    Et qui ne vit que de rosée,

     

    L’œillet, le jasmin, le genêt,

    Le trèfle incarnat qu'avril dore,

    Est tranquille, car il connait

    L'exactitude de l'aurore.

    Victor Hugo


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    À l'heure du thé

    Ah, que j'aimais la charmante théière

    La tasse aussi, et sa jolie cuillère

    Tout en vermeil et les petits gâteaux

    Que grand-maman mettait sur le plateau !

     

    Elle apportait le plateau au salon

    Et toutes deux, ravies nous devisions

    Pendant qu'auprès des tisons rougeoyants

    Le beau chat noir tressautait en rêvant.

     

    Sans le parfum des bûches qui brûlaient

    J'étais si bien et je m'alanguissais

    J'aurais voulu prolonger ces moments

    Emprisonner ce bonheur dans le temps !

     

    Que j'aimerais, o ma jolie grand-mère

    La retrouver, la charmante théière

    Où dans le fond, tu disposais toujours

    Mêlées au thé, des brindilles d'amour.

    Michèle Corti


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    Un ami de papier

    J'ai tant de choses à dire

    Mais je ne sais pourquoi

    Quand j'essaye d'écrire

    Mon stylo reste coi.

    Pourtant bouillonne en moi

    Un univers entier

    De fureurs et d'émois

    Qu'il me faut expurger.

    J'ai trouvé un ami

    Qui a su m'écouter

    Sans avoir de mépris

    Pour toutes ces pensées.

    C'est un bout de papier

    Qui a bu mon murmurer

    Et s'est pris d'amitié

    Pour toutes mes ratures.

    Maurice des Ulis


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    Le deuil du moulin

    Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil

    De chêne et de plomb, sous six pieds de terre,

    Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,

    Le moulin repose en signe de deuil.

     

    La nuit a drapé ses murs de longs voiles

    Crêpes aux plis noirs et silencieux,

    Et sur le velours funèbre des cieux

    Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.

     

    La voix du vent dit, dans les roseaux roux,

    Un hymne au bon Dieu pour la paix de l'âme

    Du défunt, et l'onde égrène sa gamme,

    Lente comme un glas, sur de gros cailloux.

     

    Les saules ont mis leurs branches en berne

    Au bord du ruisseau, dans l’obscurité,

    Et le sentier même est comme attristé

    Par l'air douloureux et lourd qui le cerne.

     

    Et le vieux moulin, le pauvre moulin

    Dont le maître est mort un matin d'automne,

    Gît parmi les champs, sous la lune atone,

    Seul et délaissé comme un orphelin.

    Gaston Couté


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    Les bonbons

    J'ai rempli la baignoire de bonbons

    Je ne peux plus mettre mes petons

    Mon p'tit papa, il m'a grondé

    Alors, j'ai tout mangé.

     

    J'ai rempli mon cartable de sucettes

    Livres et cahiers où vais-je les mettre ?

    Ma maîtresse, elle est très fâchée

    Alors j'ai tout mangé.

     

    J'ai un gros mal de ventre

    Mon estomac il me chante,

    Tout en riant pour se moquer,

    Parce que tu as tout mangé.

    Ingrid Berrouet


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