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Ce qu'il y a parfois de beau avec l'automne, c'est lorsque le matin se lève après une semaine de pluie, de vent et brouillard et que tout l'espace, brutalement, semble se gorger de soleil.
Victor Levy Beaulieu
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Souvenirs d'automne
Le temps irrévocable a fui, l'heure s'achève.
Mais toi, quand tu reviens et traverse mon rêve,
Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
Tes yeux plus clairs.
A travers le passé ma mémoire t'embrasse.
Te voici. Tu descends en courant la terrasse
Odorante, et tes faibles pas s'embarrassent
Parmi les fleurs.
Par un après-midi de l'automne, au mirage
De ce tremble inconstant que varient les nuages,
Ah ! Verrais-je encor(e) se farder ton visage
D'ombre et de soleil ?
Paul-Jean Toulet
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Le cygne
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d'avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire
Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix,
Il serpente, et, laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d'une tardive et languissante allure.
La grotte où le poète écoute ce qu'il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent ; il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule.
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l'azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus,
A l'heure où toute forme est un spectre confus,
Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit,
Et que la luciole au clair de lune luit,
L'oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d'une nuit lactée et violette,
Comme un vase d'argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.
Sully Prudhomme
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Chant de l'oiseau
Je suis le compagnon
Du pauvre bûcheron.
Je le suis en automne
Au vent des premiers froids,
Et c'est moi qui lui donne
Le dernier chant des bois.
Il est triste, et je chante
Sous mon deuil mêlé d'or ;
Dans la brume pesante,
Je vois l'azur encor.
Mais quand vient la gelée,
Je frappe à ton carreau.
Il n'est plus de feuillée ;
Prends pitié de l'oiseau !
C'est ton ami d'automne
Qui revient près de toi,
Le ciel, tout m'abandonne...
Bûcheron, ouvre-moi !
Qu'en ce temps de disette,
Le petit voyageur,
Régalé d'une miette,
S'endorme à ta chaleur !
Je suis le compagnon
Du pauvre bûcheron.
Jules Michelet
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