• Cerises

    Elles ont la mine fière des filles amoureuses

    Des paupières élastiques qui comme un bateau bouge

    La bouche en forme de cœur des ongles peints en rouge

    Elles ont des seins formés et un large bassin.

     

    La robe qui les serre met en valeur leurs seins

    Elles s'habillent tout en rouge leur âme est coléreuse

    Elles se savent épiées mais ne cachent aucune arme

    Pour jouer la comédie elles simulent des alarmes.

     

    Leur vie est une tragédie qui connaît des orages

    Elles accueillent l'ondée qu'elles confondent à des larmes

    Et s'offrent à vous avec des gestes qui désarment.

     

    En vérité elles brûlent d'amour dessous les feuilles

    Quand elles sont en beauté au moment qu'on les cueille

    Elles sont toutes prêtes à fondre et à tout pardonner.

    Alain Hannecart


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  • Ma maison

    Maison, ô ma maison, bucolique de roses,

    Tes briques de rubis et tes longs ciels mouillés,

    Nous avons tant rêvé sous tes métamorphoses,

    Sous la pluie, sous les cris des girouettes rouillées.

     

    Tant rêvé dans le vide immense des greniers...

    Vous te retrouverons peut-être dans le ciel

    Avec notre chat noir, avec notre chat gris,

    Avec quatre souris effarées au soleil.

     

    Avec notre grand-père endormi sur le feu,

    Avec notre grand-mère alerte dans ses veilles,

    Maison, ô ma maison roulée dans le vent bleu,

    Les écluses du vent coulent sur ton sommeil.

     

    Tu dormais près du calme immense des forêts,

    Moi, dans mon petit lit, je rêvais sous tes ailes,

    Ou parfois j'écoutais les crapauds qui chantaient,

    Puis, ivre de douceur, le sommeil m'emportait,

    Et je sentais mourir leur musique immortelle.

    Maurice Fombeure


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  • Gitane

    J'aime ton corps si beau, comme tes dents nacrées,

    Ta chevelure d'or qui ondoie quand tu danses,

    Les parfums odorants qui, sur ta peau ambrée,

    Exaltent des senteurs quand tu joues en cadence.

     

    Tes yeux, tes yeux si noirs, qui semblent si rêveurs,

    Sont deux tisons brûlants quand y luit la colère.

    Dans le creux de tes reins, s'écoule une rivière :

    Un doux vin de Bohème où vacille mon cœur.

     

    Tu marques le tempo du bout de ton pied fin,

    En fredonnant, tout bas, un air mélancolique,

    Voici que tourbillonne ta robe en satin,

    Dévoilant, vaillamment, des jambes magnifiques.

     

    Même lorsque tu vas, on dirait que tu voles

    Comme le sable blond aux portes du désert

    Et tes seins arrondis tout comme des corolles

    Oscillent, mollement, aussi légers que l'air.

     

    Les joues et l’œil en feu, tu danses souveraine,

    T'accompagnant, ravie, au son du tambourin

    Et ton rire moqueur qui fuse dans l'arène

    Rebondit dans mon cœur apaisant mon chagrin.

    Cypora Sebagh


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  • Jeune fille, la grâce emplit tes dix-sept ans

    Jeune fille, la grâce emplit tes dix-sept ans.

    Ton regard dit : " Matin," et ton front dit " Printemps. "

    Il semble que ta main porte un lys invisible.

    Don Juan te voit passer et murmure : " Impossible ! "

    Sois belle. Sois bénie, enfant, dans ta beauté.

    La nature s'égaie à toute ta clarté ;

    Tu fais une lueur sous les arbres ; la guêpe

    Touche ta joue en fleur de son aile de crêpe ;

    La mouche à tes yeux vole ainsi qu'à des flambeaux.

    Ton souffle est un encens qui monte au ciel. Lesbos

    Et les marins d'Hydra, s'ils te voyaient sans voiles,

    Te prendraient pour l'Aurore aux cheveux pleins d'étoiles.

    Les êtres de l'azur froncent leur pur sourcil

    Quand l'homme, spectre obscur du mal et de l'exil,

    Ose approcher ton âme, aux rayons fiancée.

    Sois belle. Tu te sens par l'ombre caressée,

    Un ange vient baiser ton pied quand il est nu,

    Et c'est ce qui te fait ton sourire ingénu.

    Victor Hugo


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  • La maison du poète

    Dans la maison du poète,

    les oiseaux jamais ne s'ennuient

    car il n'y a ni cage ni piège

    ni lit de plume

    et les fenêtres sont toujours ouvertes,

    la nuit comme le jour,

    l'hiver comme l'été.

    Dans les chambres sont dressés

    de beaux arbres de lumière

    pour que les oiseaux se posent

    et racontent leurs voyages

    dans leur langage d'oiseau.

    Et le poète fatigué,

    couché sur son vieux lit de paille,

    écoute les oiseaux chanteurs

    tisser pour lui tendrement

    la dentelle de ses poèmes.

    J.Joubert


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