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Par MCreations le 14 Janvier 2013 à 06:05
Berceuse de la poupée
Petite poupée en bonnet de dentelle
Sur vos cheveux fins de filasse blonde,
Dormez : l'horloge sonne et tout le monde
A mouché les chandelles.
Pierrot se couche et la lune se lève ;
Au faîte des toits tous les chats sont gris ;
Dormez et faites un beau rêve :
Tous les chats sont gris comme les souris.
Avec votre robe trop courte et fripée
Et vos bas qui tombent jusqu'aux talons,
Dormez et rêvez, petite poupée,
De quelque beau soldat de plomb.
En votre berceau de soie et de satin
Grand comme un sabot de frêne,
Etendez vos frêles jambes de bois peint
Et dormez bien, petite reine.
Votre enfantine et mignonne maman
Dort aussi sous le dais de son lit,
Et rêve d'un page charmant
Qui joue à la balle au jardin joli.
Petite poupée au nez rose et cassé,
Petite poupée au bonnet de travers,
A quoi bon laisser
Vos yeux bleus ouverts,
Puisque personne ne viendra vous embrasser,
Que les soldats de plomb ne font jamais la ronde
Et que le marchand de sommeil est passé
Pour tout le monde ?
Tristan Klingsor
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Par MCreations le 17 Décembre 2012 à 06:00
Mon petit chien est parti mardi dernier au paradis des animaux. Il avait 15 ans 1/2, nous sommes si tristes, il nous manque tellement.
Ce poème de Madeleine Reynaud résume si bien sa vie...
Le petit chien
Je suis un petit chien
Mais j'ai déjà quinze ans.
Si je présente bien,
Mon âge, je le sens.
Mon coeur est fatigué,
J'ai des douleurs partout,
Ma vue a bien baissé,
Je n'entends plus du tout.
J'aimais bien la montagne
Quand j'étais casse cou.
Le vertige me gagne,
Je fatigue beaucoup.
Je vais plus doucement
Et je marche très peu.
Je dors bien plus longtemps,
J'ai caché tous mes jeux.
Quand une chienne passe,
Je redeviens fringant,
Je fais preuve d'audace,
Je me sens élégant.
Mais dès qu'elle est partie,
Je retouve mon âge
Et mon dos s'arrondit :
Ce n'était qu'un mirage.
Mes maîtres m'aiment autant
Que quand j'étais petit.
Ils me disent souvent
Que j'ai changé leur vie.
La mienne aura été
Faite de grandes joies,
J'aurai été choyé,
J'aurai été un roi.
Quand il faudra partir
Je ne gémirai pas.
Je voudrais m'endormir
Blotti entre leurs bras.
Madeleine Reynaud
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Par MCreations le 10 Octobre 2012 à 06:00
Le Petit Chat
C'est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s'assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.
Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.
Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.
Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire de pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini.
Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
Edmond Rostand
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Par MCreations le 4 Octobre 2012 à 06:00
Le cygne
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d'avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire
Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix,
Il serpente, et, laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d'une tardive et languissante allure.
La grotte où le poète écoute ce qu'il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent ; il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule.
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l'azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus,
A l'heure où toute forme est un spectre confus,
Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit,
Et que la luciole au clair de lune luit,
L'oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d'une nuit lactée et violette,
Comme un vase d'argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.
Sully Prudhomme
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Par MCreations le 9 Septembre 2012 à 06:00
Un petit morceau de nuit
Un petit morceau de nuit décrochée
Qu'on retrouve dans sa main...
Qu'est-ce qu'on en fait, le matin ?
Il ne faut pas le jeter,
On ne peut pas le garder...
C'est une responsabilité
Trop grande pour décider.
Alors que faire ? On ne sait trop...
Attendre que quelqu'un vienne le prendre de là-haut.
Maryse Gevaudan
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