• La leçon de piano

    Calme, était la petite pièce,

    Accote, au mur, le piano m'attendait,

    Chaque mercredi, je jouais sans cesse,

    Je m'y abandonnais.

    Assise, sur ce tabouret de velours,

    Je vivais ma passion, par amour.

    Pas un bruit ne venait me distraire,

    La musique envahissait l'atmosphère.

    Agile et souple, mes doigts sur le clavier,

    Dansaient sans ne jamais s'arrêter.

    Les notes valsaient dans une farandole,

    Accompagnées de dièses et de bémols.

    Des rythmes doux ou endiablés,

    Mes gouts, tous les adoraient

    Mes premières leçons, avec un métronome,

    Je m'en souviens, c'est pour ça que je vous le nomme,

    De la difficulté, me donnait légèrement,

    Avec concentration, je pianotais délicatement.

    Mais avec le temps, cela devint un plaisir,

    Pendant trois années, je suis venue parcourir,

    Ses touches ivoires et noires, oubliant mes soucis.

    Beau souvenir, jamais je n'oublierais ces douces symphonies.

    Marielle Mauduit


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  • La pluie tombe comme nous tombons amoureux : en déjouant les prévisions.
    Martin Page


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  • La fleur renvoyée

    Adieu, douce pensée,

    Image du plaisir !

    Mon âme est trop blessée,

    Tu ne peux la guérir.

    L'espérance légère

    De mon bonheur

    Fut douce et passagère,

    Comme ta fleur.

     

    Rien ne me fait envie,

    Je ne veux plus te voir.

    Je n'aime plus la vie,

    Qu'ai-je besoin d'espoir ?

    En ce moment d'alarme

    Pourquoi t'offrir ?

    Il ne faut qu'une larme

    Pour te flétrir.

     

    Par toi, ce que j'adore

    Avait surpris mon cœur ;

    Par toi, veut-il encore

    Égarer ma candeur ?

    Son ivresse est passée ;

    Mais, en retour,

    Qu'est-ce qu'une pensée

    Pour tant d'amour ?

    Marceline Desbordes-Valmore


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  • La rose est la reine des fleurs, toi tu es celle de mon cœur


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  • La Saint Valentin

    Février vient, c'est la  Saint Valentin,

    Février vient, il fait rougir les saules,

    Et sous les rais d'un soleil argentin,

    Encor frileux découvre ses épaules.

     

    Dès qu'au ciel gris, c'est la Saint Valentin,

    Dès qu'au ciel gris, un peu d'aube prochaine,

    Un pli d'argent et de jour indistinct

    Ont soulevé les ombres sur la plaine,

     

    Tous les oiseaux, c'est la Saint Valentin,

    Tous les oiseaux, rouge-gorges, fauvettes,

    Merles, geais, pics, tout le peuple mutin

    Des moineaux francs, les vives alouettes,

     

    Se réveillant, c'est la Saint Valentin,

    Se réveillant, et secouant leurs plumes,

    D'un fou désir et d'un vol incertain

    Se sont cherchés dans les dernières bruines.

     

    Dans les buissons, c'est la Saint Valentin,

    Dans les buissons, les lierres et les haies

    Où le houx vert offre un rouge festin,

    Dans les roseaux, les halliers, les coudraies.

     

    Dans les vieux murs, c'est la Saint Valentin,

    Dans les vieux murs, pleins d'heureuses nouvelles,

    Ce fut des cris, des chants, un bruit lointain

    De gazouillis et de battements d'ailes.

     

    Tous échangeaient, c'est la Saint Valentin,

    Tous échangeaient, en palpitant de joie,

    Maint propos tendre ou leste ou libertin,

    Après lesquels il faut qu'on se tutoie.

     

    De temps en temps, c'est la Saint Valentin,

    De temps en temps, se détachait un couple ;

    Et tous les deux avaient bientôt atteint,

    Pour y causer tous seuls, un rameau souple.

     

    Puis ils cherchaient, c'est la Saint Valentin,

    Puis ils cherchaient les branches élevées

    Ou l'humble touffe où blottir leur destin,

    Et faire un nid aux futures couvées.

     

    Et tout le jour, c'est la Saint Valentin,

    Et tout le jour ce fut des mariages,

    Conclus sans prêtre et francs de sacristain,

    Et dont les lits sont les premiers feuillages.

     

    Voici le soir, C'est la Saint Valentin,

    Voici le soir, sortant de ses repaires

    L'ombre a rampé vers le soleil éteint :

    Tous les oiseaux sont endormis par paires.

    Auguste Angellier


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