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Le mariage des roses
Mignonne, sais-tu comment,
S'épousent les roses ?
Ah ! cet hymen est charmant !
Quelles tendres choses
Elles disent en ouvrant
Leurs paupières closes !
Mignonne, sais-tu comment
S'épousent les roses ?
Elles disent : Aimons-nous !
Si courte est la vie !
Ayons les baisers plus doux,
L'âme plus ravie !
Pendant que l'homme, à genoux,
Doute, espère, ou prie !
Ô mes sœurs, embrassons-nous
Si courte est la vie !
Crois-moi, mignonne, crois-moi,
Aimons-nous comme elles,
Vois, le printemps vient à toi,
Et des hirondelles
Aimer est l'unique loi
A leurs nids fidèles.
Ô ma reine je suis ton roi,
Aimons-nous comme elles.
Excepté d'avoir aimé,
Qu'est-il donc sur terre ?
Notre horizon est fermé,
Ombre, nuit, mystère !
Un seul phare est allumé,
L'amour nous l'éclaire !
Excepté d'avoir aimé,
Qu'est-il donc sur terre ?
Eugène David
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Elle se levait la première et, comme nous faisions la grasse matinée, elle nous apportait le petit-déjeuner.
Jean-Paul Sartre
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J'ai trempé mon doigt dans la confiture...
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
Turelure.
Ça sentait les abeilles
Ça sentait les groseilles
Ça sentait le soleil.
J'ai trempé mon doigt dans la confiture
Puis je l'ai sucé,
Comme on suce les joues de bonne grand-maman
Qui n'a plus mal aux dents
Et qui parle de fées...
Puis je l'ai sucé
Sucé
Mais tellement sucé
Que je l'ai avalé !
René de Obaldia
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La baigneuse
Le temps chauffe, ardent, radieux ;
Le sol brûle comme une tôle
Dans un four. Nul oiseau ne piaule,
Tout l'air vibre silencieux...
Si bien que la bergère a confié son rôle
A son chien noir aussi bon qu'il est vieux.
Posant son tricot et sa gaule,
Elle ôte, à mouvements frileux,
Robe, chemise, et longs bas bleus :
Sa nudité sort de sa geôle.
Tout d'abord, devant l'onde aux chatoiements vitreux
Elle garde un maintien peureux,
Mais enfin, la chaleur l'enjôle,
Elle fait un pas et puis deux...
Mais si l'endroit est hasardeux ?
Si l'eau verte que son pied frôle
Allait soudainement lui dépasser l'épaule ?
Mieux vaut se rhabiller ! mais avant, sous un saule,
D'un air confus et curieux,
Elle se regarde à pleins yeux
Dans ce miroir mouvant et drôle.
Maurice Rollinat
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