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La demoiselle à l'ombrelle
La demoiselle à l'ombrelle
Suit un chemin de couleur
En corsage de dentelle,
Une rose sur le cœur.
Elle descend vers la Seine
Qui scintille de chaleur
Et sa bouche-fleur égrène
Un air où l'amour se meurt.
Sous le chapeau à cerises
Ses cheveux - miel et soleil -
Frisent de blondeurs exquises
Quand ses yeux sourient au ciel.
L'ombre des osiers s'allonge.
Elle va, sans s'étonner
D'être une beauté de songe
Dans un tableau de Monet.
Marc Alyn
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Les nénuphars
Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
Neige montant du fond de leur azur,
Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;
Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
Pour vous laisser cueillir... et vivre après.
Nénuphars blancs, dormez sur vos rivières
Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses,
Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?
Car pour rêver il faut être amoureuses,
Il faut avoir le cœur pris... ou jaloux ;
Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège,
Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais !
Nénuphars blancs, dormez dans votre neige !
Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies
Dont la blancheur fait froid aux cœurs ardents,
Qui vous plongez dans vos eaux détiédies
Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs !
Restés cachés aux anses des rivières,
Dans les brouillards, sous les saules épais...
Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières !
Je ne vous cueillerai jamais !
Jules Barbey d'Aurevilly
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