• Juillet

    Le soleil brûle au fond de l'immense ciel bleu.

    Pas un lambeau de vent ne traîne sur les ondes.

    La canicule étreint dans un cercle de feu

    Jusqu'aux sapins touffus des savanes profondes.

     

    Les ruisseaux ont cessé leurs chants dans les vallons ;

    Les coteaux sont jaunis, les sources desséchées ;

    Le grillon, accablé, se tait sur les sillons ;

    Le papillon se meurt sur les roses penchées.

     

    Tout souffre et tout gémit dans ce nouvel enfer ;

    Et, pâles et poudreux, en quête d'un asile,

    Les citadins hier ont déserté la ville

    Pour humer l'air léger des monts ou de la mer.

     

    Mais l'effluve est aussi lourd dans le bas du fleuve,

    Et le brun riverain, la faux sifflante aux poings

    En ouvrant sa tranchée à travers les grands foins,

    Péniblement halète, imprudemment s'abreuve.

     

    Le soleil parfois semble une flaque de sang,

    Et soudain un nuage à la frange écarlate

    Monte de l'horizon. L'orage menaçant

    Accourt. Déjà l'éclair brille, la foudre éclate.

     

    Bientôt le ciel voilé laisse couler ses pleurs ;

    Sous cette aspersion sonore, fraîche et dense,

    Les arbres, les épis, les ajoncs et les fleurs

    Ont l'air de s'incliner devant la Providence.

     

    Mais l'azur resourit au terroir tout trempé,

    Et, le soir, sur le pas de nos portes ouvertes,

    Nous nous grisons de l'âcre odeur des feuilles vertes,

    De l'orge blondissante et du foin frais coupé.

    William Chapman


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  • Juin

    Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois,

    Les couples, enchantés par l'éther frais et rose,

    Ont ressenti l'amour comme une apothéose ;

    Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.

     

    Ils rêvent, étendus dans mouvement, sans voix ;

    Les cœurs désaltérés font ensemble une pause,

    Se rappelant l'aveu dont un lilas fut cause

    Et le bonheur tremblant qu'on ne sent pas deux fois.

     

    Lors le soleil riait sous sa fine écharpe,

    Et, comme un papillon dans les fils d'une harpe,

    Dans ses rayons encore un peu de neige errait.

     

    Mais aujourd'hui ses feux tombent déjà torrides,

    Un orageux silence emplit le ciel sans rides,

    Et l'amour exaucé couve un premier regret.

    René-François Sully Prudhomme


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  • Le coquillage

    Ronfle coquillage

    Où l'on entend tout le bruit de la mer

    Vague par vague,

    Où l'on entend marcher les petits crabes

    Où l'on entend mugir le vent amer.

     

    Ronfle coquillage

    Ah ! je revois tous les bateaux de bois,

    Les voiles blanches

    Claires comme un matin de beau dimanche

    Ailes de la joie.

     

    Ronfle coquillage !

    En toi je retrouve les beaux jours vivants,

    Où les mouettes claquaient au vent

    Dans un grand ciel bleu gonflé de nuages,

    De nuages blancs, signe du beau temps ! ...

     

    Ronfle coquillage.

    Maurice Fombeure


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  • Le soleil se pose

    Le soleil se pose sur ma peau

    Aussi léger qu'un oiseau

    Il me picore

    De son dé d'or

    Puis me dévore

    Il ne laisse que mon ombre

    Qui déjà sombre dans la pénombre.

    Françoise Urban-Menninger


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  • Aube

    Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté.

    Le ciel d'aube est d'un bleu suave et velouté.

     

    C'est le premier oiseau qui s"éveille et qui chante

    Écoute ! Les jardins sont frémissants d'attente.

     

    Écoute ! Un autre nid s'éveille, un autre nid,

    Et c'est un pépiement éperdu qui jaillit.

     

    Qui chanta le premier ? Nul ne sait. C'est l'aurore

    Comme un abricot mûr le ciel pâli se dore.

     

    Qui chanta le premier ? Qu'importe ! On a chanté

    Et c'est un beau matin de l'immortel été.

    Cécile Périn


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