• Ambiance

    A moins sept ce matin, le thermomètre tousse.

    Un petit vent mauvais vous transperce, vous pousse,

    Sitôt que vous osez mettre le nez dehors.

    Décembre, tout à coup, a changé de décor.

     

    Le givre scintillant a recouvert la treille.

    Elle ne chante plus la fontaine aux abeilles.

    La pelouse est gelée et craque à chaque pas.

    Les grands arbres noircis lèvent au ciel leurs bras

    Comme pour implorer la grâce souveraine.

    Les oiseaux attristés par l'attaque soudaine,

    Avares de leur chant dans le petit jour gris,

    Auront bien de la peine à trouver un abri.

     

    Rare est le promeneur dans les rues du canton.

    C'est bien emmitouflés des pieds jusqu'au menton

    Que les plus courageux vont braver la froidure,

    Maudissant la rigueur de Madame Nature,

    Laquelle réjouit l'amateur forcené,

    Qui sitôt son lever, l'oeil pleureur, goutte au nez,

    Photographie sans fin la cité enneigée.

    Ah ! Qu'il les reverra ces images figées.

     

    Devant tout un chacun il dira chaque fois :

    Je n'avais de ma vie jamais eu aussi froid !

    Même cet hiver où... même cet hiver là !

    Et les jours passeront, et l'été sera là.

    Il fera en juillet une chaleur énorme,

    Qui comme chaque année dépassera les normes.

    Et nous dirons alors, en brassant un peu l'air :

    Ah ! Ciel ! Quelle chaleur ! Ah ! Vivement l'hiver !

    Renée Jeanne Mignard


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  • Bonjour monsieur L'Hiver

    - Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !

    Ça faisait longtemps...

    Bienvenue sur notre terre,

    Magicien tout blanc.

    - Les montagnes t'espéraient ;

    Les sapins pleuraient ;

    Les marmottes s'indignaient ;

    Reviendra-t-il jamais ?

    - Mes patins s'ennuyaient ;

    Mes petits skis aussi ;

    On était tous inquiets ;

    Reviendra-t-il jamais ?

    - Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !

    Ça faisait longtemps...

    Bienvenue sur notre terre,

    Magicien tout blanc.

    Patrick Bousquet


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  • Fin d'hiver

    Par ce temps si bénin, après tant de froidure,

    Dans les grands terrains gris, sur les coteaux chenus,

    On a l"impression parmi ces arbres nus

    D'un très beau jour d'été sans fleurs et sans verdure.

     

    Les pieds ne glissent plus sur la terre moins dure

    Où les feux du soleil, presque tous revenus,

    Allument cailloux, rocs, sable et gazons menus.

    Dans l'atmosphère souffle un vent tiède qui dure.

     

    Et çà et là - près d'un marais,

    D'un taillis, d'un pacage, auprès

    D'un ruisseau bordé de vieux aunes,

     

    Le printemps s'annonce à vos yeux

    Avec le vol silencieux

    De beaux papillons jaunes.

    Maurice Rollinat


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  • Calme intérieur

    Tout est calme

    Pendant l'hiver

    Au soir quand la lampe s'allume

    A travers la fenêtre où on la voit courir

    Sur le tapis des mains qui dansent

    Une ombre au plafond se balance

    On parle plus bas pour finir

    Au jardin les arbres sont morts

    Le feu brille

    Et quelqu'un s'endort

    Des lumières contre le mur

    Sur la terre une feuille glisse

    La nuit c'est le nouveau décor

    Des drames sans témoin qui se passent dehors.

    Pierre Reverdy


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  • La mort des oiseaux

    Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois

    À la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.

    Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,

    Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,

     

    Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.

    Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !

    Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,

    Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes

     

    Dans le gazon d'avril, où nous irons courir.

    Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

    François Coppée


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