• Silence d'automne

    C'est le silence de l'automne

    Où vibre un soleil, monotone

    Dans la profondeur des cieux blancs...

    Voici qu'à l'approche du givre

    Les grands bois s'arrêtent de vivre

    Et retiennent leurs coeurs tremblants.

     

    Vois, le ciel vibre, monotone ;

    C'est le silence de l'automne.

     

    O forêt ! qu'ils sont loin les oiseaux d'autrefois

    Et les murmures d'or des guêpes dans les bois !

    Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne !

    Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne,

    Combien s'est ralenti le coeur fougueux des bois

    Et comme il bat, à coups dolents et monotones

    Dans le silence de l'automne !

    Fernand Gregh


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  • Coeur d'automne

    C'est l'automne morne

    Du coeur ténébreux

    Dans l'ombre sans borne

    Où couvent nuls feux.

     

    C'est la caravane

    Des lents abandons

    Des fleurs qui se fanent

    Sur les guéridons

     

    C'est le temps sonné

    Des moissons perdues

    Qui n'ont pas rendu

    Ce qu'on a donné.

     

    C'est la terre en friche

    Du coeur désolé

    Par l'oubli du riche

    Hier envolé.

     

    C'est l'instant certain

    Des lendemains froids

    Le reflet étroit

    Du miroir éteint.

     

    C'est la saison morte

    Où rien ne répond.

    J'ai fermé ma porte

    Et coupé les ponts.

    Maryse Gevaudan


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  • L'automne

    A toute autre saison je préfère l'automne ;

    Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids

    La lamentation confuse et monotone

    Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis.

     

    Je préfère aux gazons semés de pâquerettes

    Où la source égrenait son collier d'argent vif,

    La clairière déserte où, tristes et discrètes,

    Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.

     

    Ici, c'est un grand feu de fougère flétrie

    D'où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus,

    Et, comme elle, la vague et lente rêverie

    Du pâtre regardant l'horizon nébuleux

     

    Plus loin, un laboureur, sur la lande muette,

    S'appuie à la charrue, et le soleil couchant

    Détache sur fond d'or la fière silhouette

    Du bouvier et des boeufs arrêtés en plein champ.

     

    L'on se croirait devant un vitrail grandiose,

    Où quelque artiste ancien, saintement inspiré,

    Aurait représenté dans une apothéose

    Le serf et l'attelage, et l'araire sacré...

    F. Fabie


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  • Soirée d'automne

    A l'ombre d'un grand saule à moitié ombragé

    Et sur l'herbe qui, silencieusement

    Se penche avec langueur aux caresses du vent,

    La nature s'endort des rayons enflammés.

     

    Végétal sylvestre de la saulée vermeille,

    Tel un buisson ardent, la flamme du soleil

    Embrase tes rameaux de son songe doré,

    De ses raies de rubis allume la forêt.

     

    L'astre du jour se cache où finit l'horizon,

    Derrière ce rideau d'or, cette rouge toison,

     

    Alors, il fuit.

    Bientôt, la nuit.


    Valère Du Clair Du Val


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  • Vent d'automne

    Passe dans les rameaux desséchés, vent d'automne,

    Dans l'ombre, enivre-toi de leur parfum amer ;

    Berce entre les ifs noirs la lune monotone,

    Fais murmurer dans fin la nuit, comme une mer.

     

    Avive dans le ciel les étoiles tremblantes ;

    Disperse follement la poudre du chemin,

    Fais onduler sur les coteaux les herbes lents

    Comme un grand dos soyeux que caresse la main encore.

     

    Tonne, gémis, décrois, murmure, gronde

    Au loin avec ta voix mystérieuse. Meurs

    Renais, déferle ainsi qu'une vague sonore

    Remplis enfin la nuit d'éternelles rumeurs.

    Fernand Gregh


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